MÜLLER, Robert
Matricule: 03649 / S 0147
Naissance: 08.02.1917, Esch/Alzette
Père: Robert MÜLLER
Mère: Cathérine SCHREINER
Entrée en service: 04.10.1946
Contingent: 1er
Grades: Sergent-Chef (1946/1949)
Adjudant (1946/1951)
Adjudant-Chef (1964)
Adjudant-Major (1979)Décès: 13.01.1994, Steinfort
De 1930 à 1935 Robert travaille dans différentes charcuteries et boulangeries avant de travailler comme journalier auprès de la Société des Chemins de Fer Luxembourgeois (C.F.L.). En 1936, il rejoint l’école supérieure de navigation à Anvers. Une fois chef de canot diplômé, il rejoint la Compagnie Maritime Belge (C.M.B.) et travaille comme cuisinier sur quatre navires différents. Ultérieurement, il supervise le contrôle de la cargaison navale.
Une fois que les tensions en Europe s’accentuent et que la guerre semble inévitable, Robert rentre au Luxembourg. Malgré ses problèmes respiratoires, séquelles d’une infection de malaria contractée lors d’un voyage au Congo belge, il devient mineur pour l’ARBED en 1940. Lors de l’occupation nazie du Luxembourg, Robert devient un suspect connu de la Gestapo et du SD. En raison d’actions subversives et de son affiliation au groupe de résistance L.V.L., les nazis le traquent et le contraignent à fuir le pays vers la France dans la nuit du 13 juillet 1941.
Arrivé à la ligne de démarcation entre la France vichyste et la France occupée, il est arrêté par la police, qui lui donne le choix entre l’expulsion au Luxembourg, l’engagement au sein de la Légion étrangère, ou l’incarcération. Il décide de rejoindre la Légion étrangère à Marseille, passant deux années en Afrique du Nord. Basé à Alger, il finit par combattre les troupes allemandes lors des campagnes d’Algérie et du Maroc avec ses camarades du 1er régiment étranger. Libéré après deux ans de service, Robert rejoint la Grande-Bretagne où, le 11 novembre 1943, il s’engage dans la batterie belge de l’Armée britannique. Suite à sa demande personnelle, le gouvernement luxembourgeois en exil lui accorde un congé sans solde afin d’être détaché à la « Special Air Service School », où, à la fin du mois d’août 1944, il obtient son diplôme de parachutiste avec éloges. Ultérieurement, il rejoint les troupes spéciales américaines ETOUSA au sein de « l’Office of Strategic Services » (O.S.S.). Ses profondes connaissances en matière de sabotage et de transmission se révèlent utiles lors de plusieurs missions de reconnaissance derrière les lignes ennemies. Une de ces opérations menée avec deux autres soldats luxembourgeois combattant pour les forces alliées a porté le titre prometteur « Mission Chaos ». Début février 1945, les trois Luxembourgeois sont parachutés en France, conduits jusqu’au front pour infiltrer les zones ennemies et espionner les mouvements de l’ennemi. En raison de leur courage et de leur dévouement durant la « Mission Chaos », tous les trois sont recommandés pour la médaille du « Bronze Star », même si cette dernière ne leur sera jamais décernée.
En raison de ses services remarquables pendant la libération de l’Europe, le gouvernement luxembourgeois le promeut lieutenant le 2 avril 1945.
Après la fin de la guerre, il est officiellement démobilisé par la Mission militaire luxembourgeoise le 6 juin 1945, et perd ainsi son grade militaire de lieutenant. Désormais, il agit comme commissaire spécial pour la recherche des criminels de guerre. Dès septembre 1944, après la première libération du Luxembourg, le ministre de la Justice Victor Bodson avait conféré à Robert des pouvoirs extraordinaires pour arrêter les criminels de guerre. Lors de la traque du principal collaborateur luxembourgeois et chef du mouvement pronazi V.D.B. Damian Kratzenberg, il fait une fois de plus preuve d’excellents talents de reconnaissance. En septembre 1945, sa commission réussit à débusquer Kratzenberg à Weissenberg, en Allemagne, où il s’était planqué pour échapper aux Alliés. Kratzenberg est emprisonné à Bregenz, d’où il est transféré le 19 septembre 1945 à la prison du Grund à Luxembourg-Ville.
Après une courte occupation comme contrôleur auprès de la caisse régionale d’assurance maladie, Robert reprend le service militaire au sein de l’Armée luxembourgeoise nouvellement créée. Le 4 octobre 1945, il est nommé adjudant par arrêté ministériel et rejoint le IIe bataillon près de Nittel, dans la zone d’occupation française en Allemagne.
Après le franchissement du 38e parallèle et l’invasion nord-coréenne de la Corée du Sud le 25 juin 1950, Robert se porte immédiatement volontaire pour faire partie de la contribution militaire luxembourgeoise aux forces de l’ONU. Au cours de la bataille de la rivière Imjin, à la fin du mois d’avril 1951, il contribue personnellement à l’issue heureuse de la bataille. Tenant tête au nombre écrasant de soldats chinois, son peloton assure la retraite de la 3ème division d’infanterie américaine, afin qu’elle puisse se rééquiper et reprendre des positions plus favorables de l’autre côté de la rivière Imjin. Robert rentre au Luxembourg le 30 septembre 1951. Un mois plus tard, il retrouve son ancien grade (adjudant) en raison de ses mérites sur le champ de bataille.
Contrairement à beaucoup de ses camarades engagés en Corée, il reste de facto dans l’Armée jusqu’au 6 février 1970, malgré son détachement au sein de différentes administrations depuis décembre 1967. Après sa retraite, l’Armée lui confère le titre honoraire d’adjudant-chef.