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UNE « GUERRE OUBLIÉE »

À la suite du retour de l’essentiel des volontaires du second détachement en janvier 1953, et au plus tard après la signature de l’armistice à Panmunjom le 27 juillet 1953, l’intérêt médiatique pour le conflit coréen s’essouffle au Luxembourg. Le pays participe en 1954 à la conférence de Genève, qui poursuit un double objectif : restaurer la paix en Corée et en Indochine. Si les négociations concernant l’Indochine aboutissent après la défaite française à Dien Bien Phu, le volet coréen des débats est un échec total. Cette impasse diplomatique consacre la division de facto de la péninsule et revient au statu quo de 1953, une réalité restée inchangée jusqu’à nos jours. Ces circonstances, tout comme le nombre relativement limité de volontaires luxembourgeois, expliquent que la mémoire de la Guerre de Corée s’estompe assez rapidement au GrandDuché, et ce malgré les efforts des vétérans en quête de reconnaissance nationale. Comme les «  Spuenienkämpfer  » – les volontaires antifascistes de la Guerre civile espagnole (1936-1939), les « Koreakämpfer » se sentent pour la plupart lésés par un prétendu manque d’intérêt public pour leur cause : la défense de la démocratie menacée par une agression totalitaire.

ÉCHOS AU LUXEMBOURG

Le premier détachement effectue son voyage de retour en Europe à bord du navire USNS Mac Rae entre le 25 août et le 2 octobre 1951. Quant au deuxième détachement, il est rapatrié par avion. Sur les 85 volontaires, 19 ont obtenu une ou plusieurs citations individuelles. Parmi 23 citations, 13 reviennent au premier et 10 au deuxième contingent. Les soldats reçoivent en plus plusieurs citations collectives. Tous les volontaires sont d’ailleurs décorés de médailles américaines, belges, coréennes, luxembourgeoises et de plusieurs distinctions de l’ONU. Une attention particulière revient aux deux morts déplorés par le deuxième détachement : le sergent Robert Mores et le caporal Roger Stütz. Le 15  mars 1953, leurs dépouilles mortelles arrivent à Zeebrugge, d’où elles sont transférées à Luxembourg-Ville pour des obsèques solennelles le 17 mars 1953. Malgré l’accueil somme toute chaleureux, la plupart des « Coréens » doivent encaisser des déceptions amères quant aux promesses qui leur avaient été faites. Des polémiques récurrentes naissent autour de l’annulation d’avancements et de bonifications d’ancienneté et du manque de soutien et d’avantages concrets au sein de l’Armée. En plus, des mesures de reconnaissance officielles revendiquées par les organisations de vétérans, comme des pensions, ne sont concédées que tardivement. 

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